La prophétie des sept feux

Un message de paix et d'unité selon la tradition des amérindiens algonquins et ojibwés

Alain Boudet

Dr en Sciences Physiques

Résumé: La prophétie algonquine des sept feux décrit l'évolution de l'humanité depuis des siècles jusqu'à nos jours. Nous sommes dans la période du septième feu, une période cruciale de choix de vie. La prophétie incite à choisir un monde de paix et d'union entre les races et les peuples. Ce message est délivré activement par plusieurs Grands Chefs Algonquins, dont le Grand-Père William Commanda et Dominique Rankin. Il est en accord avec une autre prophétie des Lakotas, celle de la femme Bison Blanc.

Contenu de l'article


La prophétie des sept feux émane de l'enseignement de sagesse des nations amérindiennes algonquine et ojibwé. Avant de vous la raconter, il est nécessaire de décrire succinctement son contexte et d'expliciter certaines notions qui y figurent.

Algonquins et Ojibwés (Chippewas)

Les populations autochtones qui vivaient sur le continent nord-américain bien avant l'arrivée de Christophe Colomb ont d'abord été désignées par le terme d'indiens. On dit que cette dénomination provient de l'idée de Christophe Colomb qui pensait avoir débarqué en Inde en 1492, en recherchant une voie maritime par l'ouest. Pourtant, ce n'est probablement que partiellement exact, puisque les érudits des anciennes populations planétaires connaissaient l'existence du continent américain ainsi que celle du continent antarctique (voir article Les flux énergétiques de la Terre). Les templiers détenaient probablement cette connaissance et Christophe Colomb (en italien Cristoforo Colombo) en aurait été averti. Toujours est-il que l'information restait secrète et que pour la population européenne Colomb cherchait la route maritime des Indes.

Ensuite le terme indiens d'Amérique a été utilisé pour distinguer ces populations des habitants de l'Inde orientale. Actuellement on les appelle généralement les amérindiens. On les nomme aussi peuples autochtones ou premières nations. Au Québec, ces termes incluent également les Inuits (appelés autrefois les esquimaux). 

Les populations autochtones sont réparties en de nombreuses nations. Le terme nation est préféré à celui de tribu. La nation des Algonquins est installée dans les forêts de l'Est. Jusqu'en 1650, les Algonquins occupaient un vaste territoire situé au nord du fleuve Saint-Laurent. Peu de temps après, ils ont été repoussés par les Iroquois vers la région de l'Outaouais (Ottawa). Puis, la colonisation les força à remonter vers le nord, vers l'Abitibi.

amérindiens

Les Ojibwés sont répartis entre les États-Unis (du Michigan au Montana) et le Canada (de l'ouest du Québec à l'est de la Colombie-Britannique). Le terme chippewa, déformation anglophone de ojibwa, prédomine aux États-Unis. Les langues algonquine et ojibwé sont apparentées et font partie du groupe des langues algonquiennes.

Algonquins, Outaouais, Ojibwés et Potawatomis parlent des langues présentant une certaine similitude. Ils forment le groupe des Anishinaabe (ou Anicinape). Les Ojibwés, les Outaouais et les Potawatomis forment le Conseil des 3 feux.

L'enseignement du Midewiwin

Traditionnellement, les Algonquins, les Ojibwés et les Potawatomis pratiquent la voie spirituelle du Midewiwin. Selon les Potawatomis, Mide signifie puissance mystique. Le Midewiwin est enseigné au sein de la Grande Société de Médecine, gardienne de la connaissance sacrée et des rites et cérémonies des Anishinabes.

Il enseigne des connaissances qui visent à vivre de façon saine et à retrouver l'état d'être d'origine. Anishinabe signifie littéralement les vrais hommes issus de cette terre ou le peuple des origines. Il s'agit moins d'une référence à l'histoire, que de retrouver en soi l'être tel qu'il était à l'origine, une manifestation pure du Grand Esprit avec qui il était en parfaite communication et dont il s'est éloigné par la suite. Anishinabe serait l'homme rétabli dans sa connexion divine.

On retrouve dans le Midewiwin la démarche proposée dans diverses approches spirituelles dans le but de retrouver la connexion avec son être intérieur (voir article Spiritualité et développement spirituel). Toutefois, la voie du Midewiwin est spécifique par les outils utilisés: chants, plantes médicinales, communication avec les esprits de la nature, les pierres, les plantes et les animaux. Certains objets revêtent un caractère sacré, dès lors qu'ils sont préparés rituellement et longuement dans cette fonction: la pipe ou la coquille du Mégis (le coquillage sacré).

L'initiation au Midewiwin est proposée à ceux ou celles qui sont prêts à fournir l'effort nécessaire et manifestent les qualités humaines correspondantes, telles que patience, écoute, tempérance, respect envers les Anciens. Elle compte plusieurs niveaux (jusqu'à huit). Chacun des niveaux est caractérisé par ses rituels, sa période d'instruction, ses mythes, ses chants, ses plantes médicinales ainsi que par le sac de médecine, petite bourse en peau contenant des plantes et objets sacrés.

La prophétie racontée

Traditionnellement, les prophéties se transmettent oralement. En 1979 pourtant, un ainé ojibwé a fait connaitre par écrit la prophétie des 7 feux en publiant un livre afin de mettre les enseignements sacrés du Midewiwin à la disposition des familles Anishinabe (The Mishomis Book - The Voice of the Ojibway, Indian Country Press, 1979, puis Red School House, 1988). L'auteur est Edward Benton-Banai ou Bawdwaywidun, grand chef de la Loge Midewiwin des 3 feux dans la réserve du Lac Courte Oreilles dans le Wisconsin. Le Grand-Père William Commanda a publiquement raconté cette prophétie en 1997 au Québec, au cours d'un rassemblement du Aboriginal Learning Network Constituency.

Le texte suivant est une traduction en français. J'ai utilisé celle de Philippe affichée dans son beau site consacré aux Amérindiens. Je l'ai légèrement rectifiée d'après l'original en anglais de Edward Benton-Banai.

Sept prophètes sont venus chez les Anishinabés.

Ils sont venus quand le peuple vivait une vie paisible et bien remplie sur la côte nord-est de l'Amérique du Nord. Ces prophètes ont laissé au peuple sept prophéties sur ce que serait le futur. Chacune de ces prophéties fut appelée un feu, et chaque feu représente une période différente qui se produira dans le futur. Voilà pourquoi les enseignements des sept prophètes sont maintenant nommés les Sept Feux.

Le premier prophète dit au peuple:

"Dans la période du Premier Feu, la nation Anishinabé s'élèvera et suivra la voie du Coquillage Sacré de la Loge du Midewiwin. La loge du Midewiwin servira de point de rassemblement au peuple et ses traditions seront la source de beaucoup de force. Le Mégis Sacré les conduira à la terre choisie pour les Anishinabés. Vous devrez chercher une île en forme de tortue [l'Amérique du Nord] reliée à la purification de la terre. Vous trouverez une telle île au début et à la fin de votre voyage. Il y aura sept endroits où vous vous arrêterez sur votre parcours. Vous saurez que vous avez atteint l'endroit choisi quand vous aurez atteint une terre où la nourriture se développe sur l'eau. Si vous y restez, vous périrez."

Le deuxième prophète dit au peuple:

"Vous reconnaîtrez le Deuxième Feu parce qu'en ce temps là, la nation sera cantonnée près d'une grande étendue d'eau. En ce temps là, la direction du Coquillage Sacré sera perdue. Le Midewiwin diminuera en force. Un garçon naitra pour indiquer la voie de retour aux traditions. Il montrera la direction des marches vers le futur du peuple Anishinabé."

Le troisième prophète dit au peuple:

"Pendant le Troisième Feu, les Anishinabés trouveront la voie vers leur terre choisie, une terre à l'ouest de laquelle la nourriture pousse sur l'eau."

Le quatrième feu:

Le Quatrième Feu fut originalement révélé au peuple par deux prophètes. Ils sont venus comme un seul. Ils ont parlé de la venue de la race à la peau blanche.

L'un des prophètes dit:

"Vous connaîtrez le futur de notre peuple par le visage que la race à la peau blanche affiche. S'ils viennent en affichant le visage de la fraternité, alors viendra une période de merveilleux changements pour plusieurs générations. Ils apporteront de nouvelles connaissances et objets qui pourront se joindre aux connaissances de ce pays. De cette façon, deux nations se joindront pour créer une puissante nation. À cette nouvelle nation se joindront deux autres, et les quatre nations formeront la plus puissante de toute les nations. Vous reconnaîtrez le visage de la fraternité si la race à la peau blanche vient sans porter d'armes, s'ils viennent en apportant seulement leurs connaissances et une poignée de main."

L'autre prophète dit :

"Méfiez-vous si la race à la peau blanche vient en affichant le visage de la mort. Vous devrez faire attention parce que le visage de la fraternité et celui de la mort se ressemblent beaucoup. S'ils viennent en portant des armes, méfiez-vous. S'ils viennent souffrants, ils pourraient vous tromper. Leurs cœurs pourraient être remplis de convoitise pour les richesses de cette terre. S'ils sont véritablement vos frères, laissez-les vous le prouver. Ne les acceptez pas en toute confiance. Vous saurez que le visage qu'ils affichent est celui de la mort si les rivières sont empoisonnées et si les poissons deviennent impropres à la consommation. Vous les reconnaîtrez par ces multiples signes."

Le cinquième prophète dit:

"Pendant la période du cinquième Feu, viendra un temps de grandes difficultés qui affectera la vie de tous les Autochtones. Quand les signes de ce Feu apparaitront, viendra parmi le peuple une personne qui promettra une grande joie et le salut. Si le peuple accepte ces promesses d'une nouvelle façon de vivre et abandonne les enseignements anciens, alors les difficultés du Cinquième Feu resteront avec le peuple pendant plusieurs générations. Les promesses qui vous seront faites se révéleront de fausses promesses. Tous ceux qui accepteront ces promesses causeront la presque totale destruction du peuple."

Le prophète du Sixième Feu dit:

"Pendant la période du sixième Feu, il sera évident que les promesses du Cinquième Feu sont venues d'une fausse manière. Ceux qui auront été trompés par ces promesses éloigneront leurs enfants des enseignements des Sages. Petits-fils et petites-filles se retourneront contre leurs Ainés. Aussi, les Sages perdront leur raison de vivre, ils perdront leur rôle dans la vie. Pendant cette période, une nouvelle maladie fera son apparition parmi le peuple. L'équilibre de nombreuses personnes sera dérangé. La coupe de la vie sera presque renversée. La coupe de la vie deviendra presque la coupe de l'amertume."

Quand ces prédictions furent faites, beaucoup se moquèrent des prophètes. Ils détenaient alors les remèdes nécessaires pour se préserver de la maladie. Ils étaient alors un peuple en bonne santé et heureux. Ils étaient ceux qui choisirent de rester en arrière lors de la grande migration des Anishinabés. Ces personnes furent les premières à entrer en contact avec la race à la peau blanche. Il en souffrirent le plus.

Quand le Cinquième Feu arriva, de grandes difficultés survinrent dans la vie de tous les Autochtones. La race à la peau blanche lança des offensives militaires contre les Autochtones dans tout le pays pour s'emparer de leurs terres et de leur indépendance comme peuple libre et souverain. Nous savons maintenant que les fausses promesses qui ont été faites à la fin du Cinquième Feu, se référaient au matériel et aux richesses inhérents au mode de vie de la race à la peau blanche. Ceux qui ont abandonné les anciennes méthodes et accepté ces nouvelles promesses furent un facteur important qui causa la presque totale destruction des Autochtones de ce pays.

Quand vint le Sixième Feu, les paroles du prophète s'avérèrent vraies, les enfants furent privés des enseignements des Sages. L'ère des pensionnats qui "civilisaient" les enfants indiens avait commencé. Le langage des Indiens et leur religion furent enlevés aux enfants. Les personnes commencèrent à mourir jeunes. Ils avaient perdu la volonté de vivre et leur raison de vivre.

Pendant l'ère confuse du Sixième Feu, il est dit qu'un groupe de visionnaires vint chez les Anishinabés. Ils rassemblèrent tous les prêtres de la Loge du Midewiwin. Ils dirent aux prêtres que la méthode Midewiwin était en danger d'être détruite. Ils ont rassemblé tout les Objets Sacrés. Ils ont rassemblé tous les écrits qui décrivent les cérémonies. Toutes ces choses furent placées à l'intérieur d'une bûche taillée dans l'arbre de fer. Des hommes furent suspendus à une falaise par de longues cordes. Là, ils creusèrent un trou dans la falaise et y enterrèrent la bûche là où personne ne pourrait la trouver. C'est ainsi que les enseignements des Sages furent cachés à la vue mais gardés en mémoire. Il est dit que le jour où les Indiens pourront pratiquer leur religion sans avoir peur, un petit garçon aurait un rêve qui indiquerait où la bûche de bois dur contenant les Objets Sacrés et les écrits a été enterrée. Il guiderait son peuple à cet endroit.

Le septième feu

Le Septième prophète qui rendit visite au peuple il y a bien longtemps, est décrit comme étant différent des autres prophètes. Il était jeune et avait une lumière étrange dans ses yeux. Il dit:

"Quand viendra la période du Septième Feu, de Nouvelles Personnes apparaitront. Elles retraceront leurs pas pour redécouvrir les traces laissées sur la route. Leurs pas les conduiront vers les Ainés à qui elles demanderont de les guider dans leur voyage. Mais beaucoup de Ainés se seront endormis. Ils s'éveilleront dans ce nouvel âge sans rien à offrir. Quelques-uns des Ainés seront muets parce que personne ne leur demandera quoi que ce soit. Les nouvelles personnes devront faire attention à la manière dont elles s'approcheront des Ainés. La tâche des nouvelles personnes ne sera pas facile.

Si les nouvelles personnes restent fortes dans leur quête, le Tambour à Eau de la Loge du Midewiwin fera de nouveau entendre sa voix. Il y aura une renaissance de la nation Anishinabé et les vieilles flammes seront attisées. Le Feu Sacré brulera de nouveau.

Le huitième feu

C'est en ce temps là qu'on donnera le choix à la race à la peau blanche entre deux chemins. Si elle choisit le bon chemin, alors le Septième Feu allumera le Huitième et dernier Feu, un Feu éternel de paix, d'amour, de fraternité et de sororité. Si la race à la peau blanche fait le mauvais choix de route, alors la destruction qu'elle a apportée avec elle en venant dans ce pays, se retournera contre elle et causera beaucoup de souffrance et de morts parmi tous les habitants de la terre."

Les sages de la nation Ojibwé et des personnes d'autres nations ont interprété les deux chemins auxquelles la race à la peau blanche doit faire face, comme étant la route de la technologie et la route de la spiritualité. Ils pensent que la route vers la technologie représente une continuation de la ruée tête baissée vers le développement technologique. C'est cette route qui a conduit la société moderne vers une planète endommagée et brûlée. Serait-il possible que la route vers la technologie représente une ruée vers la destruction? La route vers la spiritualité représente un chemin plus lent, celui que les Autochtones traditionnels ont suivi et qu'ils cherchent à retrouver. La terre n'est pas brûlée sur ce sentier. L'herbe y pousse encore.

Le prophète du Quatrième Feu a parlé d'une ère où deux nations se joindraient pour créer une puissante nation. Il parlait de la venue de la race à la peau blanche et du visage de la fraternité que les Frères à peau blanche pourraient afficher. Il est évident d'après l'histoire de ce pays que ce n'était pas le visage que présentait généralement la race à la peau blanche. La puissante nation mentionnée dans le Quatrième Feu n'a jamais été formée.

Si le peuple naturel de la terre pouvait simplement porter le visage de la fraternité, nous pourrions délivrer notre société du chemin de la destruction. Pourrions-nous faire en sorte que les deux chemins qui représentent deux points de vue du monde diamétralement opposés s'unissent pour former cette puissante nation? Serait-il possible de former une nouvelle nation qui serait guidée par le respect pour toutes les êtres vivants?

Sommes-nous les personnes du Septième Feu?

La ceinture Wampum des sept feux

ceinture wampum

Le Grand-Père William Commanda présente la ceinture wampum des 7 feux.
Merci à Wolfeyes

Les ceintures wampum sont des bandes tissées en petits coquillages, utilisées par les anishinabes pour inscrire des messages importants. Ils y représentent les traités passés entre eux et les conquérants européens. Ils sont porteurs des enseignements profonds du Midewiwin transmis depuis des siècles.

Leur langage est graphique avec des codes pictographiques, comme le sont tous les enseignements traditionnels spirituels: mandalas, symboles sacrés, etc.

Une ceinture wampum est détenue par un chef de sagesse avéré. À sa mort, elle est transmise à un autre chef qui est le plus digne de la recevoir, à la fois par sa sagesse, mais aussi par le type de mission qu'il incarne sur la terre.

Le Grand-Père algonquin William Commanda était le gardien de 4 ceintures wampum sacrées. L'une d'elle a été volée lors d'un rassemblement ouvert à tous. Les 3 autres sont la ceinture de la Prophétie des Sept Feux, qui date de la fin du quatorzième siècle et affirme que des hommes à la peau blanche et aux cheveux longs s'allieront aux Anishnabés pour former avec tous les peuples de la terre une seule nation. Il y a aussi la ceinture des années 1700 à propos du partage des ressources de leur terre ancestrale avec les nouveaux arrivants français et les anglais; et la ceinture de la libre Traversée des Frontières qui affirme la libre circulation dans leurs territoires.

La Ceinture Wampum des sept feux a jadis été protégée par Pakinawatik, l'arrière-arrière grand-père de William Commanda. Puis il y a eu une période où elle a été gardée cachée par différents ainés algonquins dans d'autres lieux. Elle est revenue dans la lignée du Grand-Père Commanda en 1970.

A partir de 1987, William Commanda a partagé publiquement le message des ceintures Wampum, en accord avec la prophétie des 7 feux.

Le message d'amour des sept feux

Le message de la prophétie des sept feux et de la ceinture wampum correspondante est une invitation faite aux peuples de la Terre à se respecter, s'apprécier, fraterniser et s'unir. C'est un message de paix et d'amour.

Des ainés amérindiens se consacrent activement depuis quelques années à répandre ce message et à agir pour qu'il se réalise. Compte tenu de nos connaissances actuelles sur la spiritualité et sur la préservation de la Planète Terre, cela peut sembler naturel. Pourtant, la réalité est que c'est une tâche extrêmement difficile, et il a fallu à ces chefs beaucoup de courage et de compassion, compte tenu des souffrances horribles qu'ils ont subies et de leur position dans leur communauté.

En effet, jusque dans les années 1960, période de réveil de l'identité autochtone, les petits enfants autochtones étaient arrachés à leurs familles et enfermés dans des pensionnats religieux. Là, on leur apprenait à haïr leur propre culture et leurs traditions. On leur retirait tous leurs vêtements traditionnels. On leur interdisait de parler leur langue maternelle, sous prétexte qu'elle était sale.

Sur ce point particulier, je fais le lien avec un processus semblable qui avait lieu en France dans les années 40-50 où on interdisait les patois locaux dans les écoles, tels que le Berrichon (rien qu'un mauvais français) ou la langue occitane. Mais dans le cas des amérindiens, le processus est porté à un degré beaucoup plus grave qui s'est inscrit profondément dans les corps et dans les âmes. S'ils parlaient leur langue, on leur faisait avaler du savon pour les laver de ces saletés. Bien plus horrible, ils étaient violés régulièrement par les religieux et les religieuses. Comment alors ne pas être habité d'humiliation, de rage, voire de haine, et de révolte?

On peut comprendre qu'une majorité de chefs amérindiens, au moins jusqu'à une date récente, n'étaient pas prêts à faire profiter les blancs de leurs trésors de sagesse ancestraux. Mais le temps presse et les plus sages des chefs ont compris le rôle qu'ils pouvaient jouer pour redonner à la Mère-Terre et à son humanité splendeur et joie. C'est seulement par une démarche de pardon profond, de pacification intérieure et de connexion avec le Grand Esprit, que certains ont eu la grandeur d'âme de s'élever au-dessus de ces drames et des ressentiments pour servir le Grand Esprit (la Lumière).

Cela a été le cas de Sun Bear dans les années 80, qui a été l'un des premiers à partager ses enseignements avec les blancs (je l'ai rencontré en 1986). C'est aussi le sens de l'appel d'Arvol Looking Horse en 2001, des messages des ainés Hopis, et des indiens Kogis. Le Grand-Père algonquin William Commanda y a consacré les 40 dernières années de sa vie (je l'ai rencontré à ses funérailles, paisible dans son canoë mortuaire en écorce de bouleau gravée). C'est l'œuvre actuelle du grand chef algonquin Dominique Rankin (que j'ai eu le privilège de rencontrer dans son centre d'enseignement Kanatha-Aki). Leur message international de paix et leurs actions ont beaucoup de ressemblances avec ceux du Dalaï-Lama.

Grand-Père William Commanda - Ojigkwanong

William Commanda et T8aminik Rankin

William Commanda, un chef Algonquin (au centre) lors d'une cérémonie au Sénat à Ottawa le 4 novembre 2005. À gauche, le chef algonquin Dominique Rankin. À droite, le sénateur Roméo D'Allaire.
© CBCNews Tom Hanson/Canadian Press

William Commanda et le Dalï Lama

William Commanda, de son vrai nom Ojigkwanong (Étoile du Matin), est né le 11 novembre 1913 dans la réserve indienne de Kitigan Zibi au sud de Maniwaki au Québec. Il y est décédé le 3 août 2011 à l'âge de 97 ans.

Il avait été choisi comme chef suprême du seul mouvement visant la création d'un gouvernement autochtone indépendant, le North American Indian Nation Government, en 1945. La création de ce gouvernement se voulait une réponse au gouvernement canadien qui refusait alors tous droits aux peuples autochtones.

Il a été le chef de la réserve de Kitigan Zibi de 1951 à 1970. Il était le gardien de trois ceintures wampum, et conservait en mémoire les traditions orales de la nation algonquine.

Bien que humble, il a rencontré de grands leaders politiques et spirituels du monde, tels que le Dalaï Lama, Nelson Mandela. Il a voyagé au Canada et à l'étranger et a donné de nombreuses conférences dans des rassemblements et les comités pour la paix des Nations-Unies, contribuant à l'adoption de la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones.

Il est reconnu mondialement pour le partage qu'il a fait de ses croyances spirituelles, pour son enseignement sur l'égalité la réconciliation, l'harmonie et la paix entre les personnes, ainsi que sur le respect de la Mère-Terre. Cette action s'est concrétisée par la création du Cercle de Toutes les Nations et la tenue d'un rassemblement international dans sa réserve chaque année au mois d'aout.

William Commanda défendait l'idée d'une humanité sans frontières, seulement des humains, tous axés sur le respect du Grand Cercle de la Vie et l'amour de son prochain.

"Nous devons nous rassembler en un seul cœur, un seul esprit, un seul amour et une seule détermination."
"Le temps est venu d'allumer le huitième Feu."

Dominique (T8aminik) Rankin - Kapiteotak

Dominique RankinSa mère lui donna le nom spirituel de Kapiteotak, celui qu'on entend chanter de loin. Son père, chef traditionnel et homme-médecine puissant, lui sauva la vie in extremis à la suite de l'écrasement de l'avion qui aurait dû le conduire avec sa mère vers la médecine des Blancs, à la suite d'un accouchement difficile. Puisqu'il fallut aussi lui donner un nom dans la tradition des Blancs, on le baptisa Dominique ou T8aminik tel qu'il l'écrit dans sa langue maternelle, l'algonquin.

Né dans les forêts de l'Abitibi, sur les berges de la rivière Harricana, au sein d'une famille ayant réussi jusque-là à préserver son mode de vie ancestral, T8aminik fut rapidement désigné pour prendre la succession de son père à titre de chef héréditaire et homme-médecine. Dès l'âge de 7 ans, les anciens le placèrent donc sur un long chemin d'enseignements et d'initiations qui le conduisit d'un bout à l'autre du Canada et des Amériques, à la rencontre des plus grands sages autochtones de notre époque.

Au bout de plusieurs années d'épreuves personnelles (dont une période noire dans les pensionnats indiens établis par le gouvernement et les communautés religieuses de la première moitié du 20e siècle) et l'exploration de la vie à l'Occidentale à travers différents métiers et postes de direction (dont celui de grand chef politique de la nation algonquine), T8aminik se consacre aujourd'hui au rôle auquel on le destinait, c'est à dire celui de leader spirituel dans la tradition Anicinape. Sa mission de propagation du message de paix Anicinape l'amène à prononcer des conférences et animer des stages de guérison partout au Canada, en France et ailleurs dans le monde, en plus de guider les visiteurs de son centre ethnoculturel, situé dans les Laurentides.

Porteur de nombreuses pipes sacrées, élève chéri du très respecté Grand-père William Commanda, T8aminik fut nommé membre du Sénat autochtone en 2003. Siégeant également parmi un groupe de 49 anciens représentant les leaders spirituels autochtones du Canada, on l'a désigné gardien de la porte de l'Est, au sein de ce groupe. Leader, guérisseur, enseignant et communicateur aguerri, il est reconnu pour son grand sens de l'humour et son énergie débordante.

D'après le site de T8aminik

Avec Marie-Josée Tardif sa compagne et son élève, il a écrit un ouvrage On nous appelait les Sauvages (Éditions Le Jour, 2012), un récit basé sur la vie de T8aminique Rankin et l'histoire récente des peuples autochtones du Québec.

Le bison blanc et la prophétie de la Femme Bison Blanc

Le centre ethnoculturel Kanatha-Aki de T8aminique Rankin et Marie-José est situé dans un magnifique lieu géré par Stéphane Denis, qui accueille aussi une réserve de bisons. C'est là qu'est né en 2005 le bison blanc femelle Prophétie, l'un de ceux qui réalisent une autre prophétie de source Lakotas -Dakotas -Nakotas, celle de la femme Bison Blanc, sur la venue des temps nouveaux.

Femme Bison Blanc

Cette prophétie est donnée dans un autre article, La légende de la Femme Bison Blanc. En voici un résumé:

Il y a 19 générations, une femme jeune et habillée d'une robe de daim blanc, un être de lumière venu des Pléiades, est apparu pour apporter un code moral et la pipe sacrée (chanunpa) aux Lakotas -Dakotas -Nakotas, en leur donnant la mission de partager ces valeurs et connaissances avec toutes les autres nations de l'Ile de la Tortue (l'Amérique du Nord), en ignorant toute notion de frontières. Elle promit de revenir en des temps difficiles.

Après son départ, d'autres prophéties ont été données à diverses nations. L'homme blanc viendrait et détruirait la civilisation amérindienne, et même la planète entière, mais ensuite viendrait la Nation du Bison, une fusion de la race Rouge avec la partie la plus éveillée des races Blanche, Noire, et Jaune.

La prophétie dit que le commencement des temps nouveaux serait annoncé par la naissance d'un bébé bison blanc femelle, dont la robe changerait de couleur, blanche, puis jaune, rouge et noire, autrement dit les couleurs traditionnelles des 4 directions (nord, est, sud et ouest).

La première naissance d'un bison blanc nommé Miracle s'est produite chez les Lakotas en 1995. Floyd Hand, un homme-médecine, écrit dans le magazine Américain "Spin": Pour nous les Indiens, c'est comme le retour du Christ pour les blancs.

D'après les sites Grand Peuple des Autochtones et Messagers de la Nature

Les prophéties annoncent des temps nouveaux basés sur la paix, la fraternité, l'écoute, la compréhension et l'harmonie. Cela signifie que les anciens systèmes s'effondrent et que les conditions sont réunies pour construire une nouvelle humanité.
Mais elle ne se fera pas toute seule, elle sera ce que nous en ferons.
La paix des peuples sera instaurée parce que chacun de nous fera la paix à l'intérieur de soi.
Cette responsabilité nous appartient.

Le monde sera à l'image de nos pensées et de nos sentiments.

Que chacun oriente ses pensées et ses sentiments vers la confiance, le pardon, le don, l'écoute, l'entraide et la joie.

Merci - Migwech - à Marie-José Tardif et au Grand Chef T8aminik Rankin pour leurs suggestions bienveillantes.

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Texte conforme à la nouvelle orthographe française (1990)

28 aout 2011