Au-delà de la matière:
Les plans subtils d'intelligence supérieure
Une réalité tangible et incontournable
Deuxième partie:
Les voyages de l'âme dans le cosmos selon les mystiques anciens
Alain Boudet
Dr en Sciences Physiques
Résumé: Nombreux sont les philosophes et mystiques religieux qui ont traversé des expériences d'extase, à commencer par les prophètes de l'ancien testament et les philosophes de l'Antiquité grecque. Ils voyagent en esprit, rencontrent Dieu et des créatures, et ils reçoivent des enseignements sur les mystères de l'être et sur les Vérités supérieures.
Le livre des morts tibétain ou Bardo Thödol décrit le cheminement des âmes après leur mort, selon leur avancement spirituel. Elles sont confrontées à des visions plus ou moins terrifiantes, jusqu'à ce qu'elles réalisent que ces visions sont la projection de leurs propres pensées et qu'elles peuvent s'en libérer et poursuivre leur route.
Cette division entre le cheminement vers la Lumière conduisant à l'état de béatitude, et celui au service de son propre égoïsme qui enferme dans les tourments, apparait dans de nombreux enseignements. Ainsi la Gnose est la connaissance qui permet de rencontrer Dieu personnellement, et d'être guéri de ses illusions.
Pistis Sophia est un ouvrage qui appartient au courant gnostique. Il décrit les principaux aspects de l'évolution de l'âme, l'origine du mal, les différentes strates de l'univers, les puissances célestes qui dirigent l'univers, celles qui servent le royaume divin et les régisseurs inférieurs qui maintiennent l'humanité en servitude. Il affirme la nécessité d'accéder aux mystères divins pour la restauration de l'âme.
Contenu de la première partie - Témoignages contemporains
| Contenu de la deuxième partie - Le voyage de l'âme dans le cosmos selon les mystiques |
Existe-t-il un monde autre que celui que nous percevons ordinairement et qui est détecté par les instruments scientifiques? Une réalité invisible qui se situe au-delà du monde de la matière, et malgré tout accessible par l'expérience sensible?
Dans la première partie, nous avons démontré que la réponse est OUI. Non seulement cette réalité existe et est accessible par l'expérience, mais encore, il est impératif de la prendre en compte si nous voulons comprendre le fonctionnement de notre monde ordinaire, et surtout si nous voulons comprendre le sens de notre vie et de l'évolution de la vie sur Terre et y participer de façon responsable.
De la même façon que nous percevons la matière et ses caractéristiques grâce à nos cinq sens, nous percevons les sphères subtiles de l'au-delà par des sens subtils. Dans certaines circonstances, ou par certains entrainements, notre perception et notre conscience peuvent s'élargir, et être remplacées par un autre type de perception.
Dans la première partie de cet article, j'ai détaillé les expériences vécues de certains de nos contemporains qui nous ont permis d'aborder les premières marches nous introduisant à ces mondes de l'au-delà.
Mais ces expériences ne sont pas réservées à notre époque, elles ont été vécues depuis des temps immémoriaux. Nombreux sont ceux qui ont décrits leurs expériences mystiques. Dans cette deuxième partie, nous tirerons partie des textes de quelques mystiques anciens qui rapportent leurs visions. Nous pourrons y récolter des détails sur le fonctionnement des mondes supérieurs et l'évolution des âmes.
Les témoignages recueillis par Michael Newton de la part de ses patients en hypnose et rapportés dans la première partie, ainsi que le récit d'André sur l'existence de la cité invisible Nosso Lar, nous ont introduits aux éléments constitutifs des mondes supérieurs et à l'évolution des âmes dans ce contexte.
Dans cette deuxième partie, nous pourrons en apprendre encore davantage en nous référant aux écrits de quelques grands mystiques ayant vécu dans des époques passées, depuis l'Antiquité jusqu'au 20e siècle.
Dans notre société qualifiée de "rationaliste", pour ne pas dire exclusivement matérialiste, l'expérience d'extase qu'évoquent ces mystiques - ainsi que certains chamanes contemporains cités dans la première partie - semble quelque chose de bizarre, d'exceptionnel, souvent assimilée à un trouble mental. Pourtant innombrables sont les philosophes et mystiques religieux qui ont traversé de telles expériences. En voici quelques exemples.
Dans l'Ancien Testament, ou Bible hébraïque, nous rencontrons de grands prophètes, auxquels Dieu se manifeste par des visions. La puissance à laquelle ils sont confrontés est si grande qu'ils en sont assommés.
Le patriarche Abram (qui plus tard deviendra Abraham) dialogue avec Dieu par le moyen de visions (cf Genèse 15, 1). Le prophète Isaïe voit Dieu assis sur un immense trône entouré de séraphins, êtres dotés de 3 paires d'ailes. Ils chantent si fort qu'ils ébranlent les seuils divins. (Is. 6,3)
La vision d'Ézékiel. Merci à Saintes Écritures
Ezékiel voyagea en esprit dans des lieux célestes (Ez. 1 et suivants). Il y vit Dieu en gloire, entouré de créatures vivantes, les chérubins, dotées de 4 ailes et 4 faces (homme, lion, taureau et aigle). Ces chérubins étaient comme des braises ardentes d'où sortaient des éclairs. Puis Ezékiel dialogua avec Dieu. Par la suite, il reçut d'autres visions, dont celle d'un homme qui lui indique les dimensions du temple à construire. (Ez. 40 et suivants)
Dans l'Antiquité gréco-romaine, on rencontre beaucoup de philosophes qui ont vécu des expériences mystiques et les ont rapportées. Parmi eux, je cite le philosophe grec Parménide (fin du 6e siècle avant J.C. - milieu du 5e siècle). Dans l'excellent ouvrage Encyclopédie des mystiques de Marie-Madeleine Davy, nous lisons à propos de Parménide: Sa philosophie est le résultat d'une expérience mystique, d'un voyage au ciel. Il révèle qu'il a été emporté dans un char que guidaient les Filles du Soleil, les puissances célestes, sur la voie de la Déesse, source et mère de toutes choses. La Déesse est le guide de l'homme vers les portes où se séparent les chemins de la nuit et du jour, et dont la Justice garde les clefs. Les portes s'ouvrent: la Déesse l'accueille avec bienveillance et lui révèle les deux voix uniques qui existent pour la pensée, celle de la Vérité et celle des opinions illusoires. La voie de la Vérité conduit au véritable mystère de l'Être, par contre la voie des opinions ne mène qu'au monde sensible.
Plus tard le philosophe gréco-romain Plotin (205 - 270 ap. J.C.) a également atteint cet état mystique qui a nourri sa philosophie. Dans l'Encyclopédie des Mystiques, nous lisons: Dans le traité six de la quatrième Ennéade, Plotin écrit: "Souvent, m'éveillant de mon corps à moi-même, devenu extérieur à toutes les autres choses, mais intérieur à moi, voyant alors une beauté extraordinaire,... étant devenu un avec le divin,... après ce repos dans le divin, retombant de l'intellection à la raison, je me demande comment il est possible qu'une fois déjà et maintenant encore je puisse ainsi descendre et comment mon âme a-t-elle pu se trouver à l'intérieur de mon corps, si elle est telle qu'elle m'est apparue en elle-même, bien qu'étant dans le corps."
Pendant leur état mystique, des vérités sont révélées à ces philosophes et prophètes, des enseignements sur le monde, sur l'être humain et sa destinée.
Il y a tellement d'expériences mystiques qui ont été décrites au long des siècles depuis l'antiquité que je ne peux en rapporter ici que quelques-unes. D'ailleurs, elles se ressemblent. En annexe, j'en donne deux autres exemples issus de ces époques reculées, l'un extrait de la littérature gnostique (4e siècle), l'autre des visions de la sainte Hildegarde de Bingen (12e siècle). Ici, j'évoque un autre exemple issu du 16e siècle.
Le philosophe et théologien allemand Jakob Böhme (1575 - 1624) a marqué les esprits de son époque, et son enseignement est encore très actuel. Dans son ouvrage L'aurore naissante, ou la racine de la philosophie, de l'astrologie et de la théologie, il raconte sa vision mystique, qui eut lieu à l'âge de 25 ans. Dans cette lumière mon esprit aussitôt a vu au travers de toutes choses, et a reconnu dans toutes les créatures, dans les plantes et dans l'herbe, ce qu'est Dieu, et comment il est, et ce que c'est que sa volonté. Et aussi à l'instant, dans cette lumière, ma volonté s'est portée, par une grande impulsion, à décrire l'être de Dieu.
Dans la tradition bouddhiste tibétaine, il existe un livre qui traite dans le détail des étapes de la mort, intitulé Bardo Thödol ou Bardo thödröl chenmo ou, en français Livre des morts tibétain. Bardo Thödol signifie Libération par la compréhension du Bardo. Et Bar-do signifie entre deux, c'est-à-dire états de transition.
Ce livre a été composé au 8e siècle de notre ère par Padmasambhava. Cependant il semble être une compilation écrite de textes plus anciens, transmis oralement, probablement issus d'une tradition prébouddhique, partiellement la tradition Bön.
Les bardos sont des états intermédiaires dans lesquels l'âme chemine dans son processus d'évolution, dans la vie comme après la mort. Au total, on distingue 6 bardos. Trois surviennent pendant la vie incarnée. Ce sont: l'état naturel pendant la conception; le bardo de l'état des rêves; le bardo de l'équilibre extatique dans la méditation profonde.
Les 3 bardos suivants se succèdent pendant et après la mort. Ce sont le bardo du Moment de la mort, où se produisent les dissolutions physiques et psychiques, le bardo de l'expérience de la Réalité et le bardo du Devenir. Le Bardo Thödol décrit les processus auxquels l'âme est confrontée pendant ces trois bardos. Dans la présente étude, nous porterons notre attention uniquement sur ces 3 bardos.
Les 6 bardos ont été explicités et commentés à notre époque par Sogyal Rinpoché dans son ouvrage Le livre tibétain de la vie et de la mort. En passant, il y déplore le manque d'intérêt de notre société pour ces questions et ses conséquences néfastes.
Sans foi réelle et authentique en une vie après la mort, la plupart d'entre nous mènent une existence dépourvue de toute signification ultime... Je me suis rendu compte que le fait même de nier la mort est porteur de conséquences désastreuses qui s'étendent bien au-delà de l'individu. Elles affectent la planète entière. Fondamentalement persuadée qu'il n'existe pas d'autre vie que celle-ci, la société moderne n'a développé aucune vision à long terme. Rien n'empêche donc les individus de piller la planète afin de réaliser leurs objectifs immédiats et de vivre dans un égoïsme qui pourrait bien s'avérer fatal pour l'avenir... Le maitre sait que ceux qui croient en une vie après celle-ci envisageront leur existence de façon complètement différente, éprouvant un sentiment aigu de leur responsabilité et ressentant la nécessité d'une morale personnelle.
Au moment de la mort, après la dissolution des éléments, des sens et des états de pensée, la nature ultime de l'esprit est dévoilée l'espace d'un instant. C'est la Luminosité Fondamentale (ou Primordiale), dans son état de pureté totale, d'où émane une clarté éblouissante. Tous les êtres ressentent cette Lumière. Mais selon qu'ils sont purs ou lourdement chargés par leurs actions néfastes, ils évolueront différemment.
Les rares âmes qui ont reçu un enseignement spirituel approfondi et intégré - dont la conscience s'est élevée dans l'amour et la compassion - celles-là rejoindront directement le Dharma-Kaya (un état paradisiaque de parfaite illumination).
Les autres devront évoluer au fil des expériences qui se présentent à elles lorsque se déroulent les bardos. Chez les êtres qui ont eu une vie ordinaire, la présence de la Lumière Primordiale peut durer jusqu'à 4 jours, jusqu'à ce qu'ils la reconnaissent. Alors ils peuvent être libérés et rejoindre le Dharma-Kaya, et leur passage dans le bardo se termine là.
Mais si l'âme a eu une mauvaise vie, si elle ne reconnait pas cette Lumière Primordiale, sa rencontre ne dure que "le temps d'un claquement de doigt". Puis se présente une lumière affaiblie, la Claire Lumière secondaire. C'est la même Lumière Primordiale, mais obscurcie par le karma de l'âme, c'est-à-dire par les mauvaises actions de l'âme dans son incarnation. La rencontre dure "le temps d'un repas".
C'est le moment où l'âme sort du corps, mais elle ne s'en rend pas bien compte. Toujours reliée à son entourage, elle se demande si son être est mort ou non.
Lorsque la Lumière Primordiale ou Claire Lumière n'a pas été reconnue pendant le premier bardo, alors le deuxième commence. Il se manifeste par des visions symboliques qui sont créées par la conscience du défunt à cause de son karma, autrement dit de ses formes-pensées négatives qui se sont enracinées et développées. Le défunt est mis en face de sa réalité propre.
Les visions représentent des apparitions de Divinités. Le jeu est toujours le même: soit l'âme les reconnait comme un reflet de ses formes-pensées erronées, se tranquillise et tout cela disparait; soit elle est effrayée et repart dans le cycle du Samsara, ou roue de la vie, dans le monde inférieur.
Les Divinités se succèdent les unes après les autres. D'abord vient un cycle de 7 jours où se présentent 42 Divinités paisibles qui dégagent une Lumière splendide. Si cette lumière éclatante effraie le défunt, elle est remplacée par une lumière terne qui l'attire et l'entraine dans un monde de misère et de grisaille. Ces lumières ternes correspondent à nos tendances habituelles accumulées par la colère, l'avidité, l'ignorance, le désir, la jalousie et l'orgueil.
Le mauvais karma est puissant. À partir du 8e jour, si la libération n'a pas eu lieu, la grande majorité des êtres continuent à errer, la Roue de l'ignorance et de l'Illusion continue à tourner. Se présentent alors des Divinités Courroucées (Irritées). Il y en a 58, entourées de flammes et buveuses de sang. Elles ne sont pas autres que les divinités paisibles elles-mêmes apparaissant sous un autre aspect. La reconnaissance des émotions devient plus difficile. Si le défunt les reconnait et ne les craint pas, la libération arrive.
Ces visions ne sont pas des visions réelles. Elles ne sont que des hallucinations projetées par les formes-pensées issues du mental du défunt. Elles sont le rayonnement naturel de la nature de notre esprit.
Même après avoir été guidés et orientés plusieurs fois, certains défunts, à cause de leur karma négatif, n'atteignent pas la libération. Perturbés par les désirs qui obscurcissent leur esprit, ils sont terrifiés par les lumières et les sons divers, et ils s'enfuient.
Le bardo du devenir, nommée aussi bardo de la recherche de la renaissance, incite l'âme à se libérer par la compréhension.
Le défunt passe par une phase d'auto-jugement. Lui apparait le Seigneur de la Mort (Yama-Raja) qui aligne des cailloux blancs pour ses bonnes actions et des cailloux noirs pour les mauvaises. Le défunt peut expérimenter une épaisse obscurité, des averses torrentielles et glacées, de la grêle de pus et de sang. Des démons lui apparaissent, des précipices.
Il s'agit toujours d'une projection hallucinatoire de son esprit et de ses mauvais sentiments: colère, désirs, ignorance. S'il ne les craint pas, ces projections disparaissent comme inexistantes. Il lui est encore possible de s'en libérer par la reconnaissance de ses illusions. Cet état dure environ 22 à 49 jours.
Lorsqu'arrive le moment de renaitre, le défunt éprouve de plus en plus le désir d'intégrer un corps matériel et en cherche un qui soit disponible pour accueillir sa renaissance.
La différence est grande entre les épreuves traversées par les âmes, selon qu'elles sont préparées à se fondre dans l'état de la Lumière primordiale, ou au contraire qu'elles sont tournées exclusivement vers leur bénéfice personnel.
Cette division en deux voies, celle de la Lumière divine avec les qualités inhérentes et celle de l’égoïsme et du pouvoir personnel, est exposée dans tous les enseignements, aussi bien occidentaux qu'orientaux, aussi bien pour améliorer la condition des vivants que pour la préparation à la mort.
Ainsi, dans les enseignements de la psychothérapie spirituelle, nous apprenons que nous sommes constituées d'une conscience ordinaire ou personnalité, et d'une Essence. (pour plus de détails, voir mon livre Pourquoi vivons-nous?)
Notre personnalité s'est forgée au cours des événements plus ou moins dramatiques que nous avons vécus. De nombreux sentiments négatifs se sont inscrits en nous, sentiments de manquer d'amour et d'attention ou d'être victime, sous-estime de soi, etc. La personnalité nous pousse à adopter des attitudes perverses, pour attirer et forcer l'attention et la reconnaissance, attitudes de tyrannie ou de soumission. Comme nous n'obtenons pas satisfaction, nous sommes en colère, ou triste ou dépressif. Nous souffrons, consciemment ou non.
Notre Essence se manifeste lorsque nous sommes libérés des sentiments négatifs. Dans ce cas, nous nous sentons autonomes et confiants, relié à l'Univers. Nous disposons de nos ressources intérieures et de la puissance de la paix et de l'amour. C'est la voie qui nous conduit à la communication et la fusion avec le Divin.
Les textes philosophiques anciens, comme les récents, insistent sur l'incidence de cette double nature de l’esprit humain sur notre évolution avant et après la mort, et la nécessité de réaliser notre Essence de préférence de notre vivant.
Simon le magicien (Samarie, 1er siècle) prétendait que tout être humain est un lieu habité, et qu'en lui habite une puissance infinie... la racine de l'univers (Hippolyte de Rome, Réfutation de toutes les hérésies, vers 170 - 235). Mais du fait que cette puissance infinie existe selon deux modes, l'un réel, l'autre potentiel, il s'ensuit que cette puissance infinie existe à l'état latent en chacun, mais potentiellement, non comme réalité. (Elaine Pagels, Les évangiles secrets)
Grégoire de Nysse. Merci à Wikimedia
Origène était un mystique grec qui a vécu en Égypte au 3e siècle. Dans ses œuvres, il affirme que l’homme a été créé à l’image du Logos (l’Esprit infini). Puis il s’en est détourné (en obéissant à son ego qui joue un jeu de comédien). Il doit revenir à l’image du Logos, abandonner l’obéissance au charnel et se convertir au (se tourner vers le) spirituel.
Le mystique grec Grégoire de Nysse, un des Pères de l'église, a vécu dans l'empire byzantin au 4e siècle. Pour lui, en chaque homme, il y en a 2:
L’un utilise la corruption (manipulation par les désirs et les attachements charnels/matériels).
L’autre est perçu seulement dans le secret du cœur.Dans le bouddhisme tibétain, l'Essence est nommée la nature essentielle de l'esprit.
Dans le livre de Sogyal (Le livre tibétain de la vie et de la mort), nous lisons:
Nous croyons en une identité personnelle, unique et distincte; pourtant, si nous avons le courage de l'examiner de près, nous nous apercevrons que cette identité est entièrement dépendante d'une liste interminable de données, telles que notre nom, l'histoire de notre vie, nos compagnons, notre famille, notre foyer, notre travail, nos amis, nos cartes de crédit... L'ensemble de la pratique spirituelle est donc consacrée à inverser directement ce que j'appellerais "la progression" de l'ignorance et, ainsi, à dé-créer, dé-solidifier ces fausses perceptions étroitement liées et interdépendantes, qui nous ont fait tomber dans le piège d'une réalité illusoire que nous avons créée de toutes pièces...
Ce monde peut sembler merveilleusement convaincant, jusqu'au moment où la mort fait s'écrouler l'illusion et nous expulse de notre cachette. Que nous arrivera-t-il à ce moment-là, si nous n'avons aucune idée de l'existence d'une réalité plus profonde?.. En l'absence de nos supports familiers, nous sommes directement confrontés à nous-mêmes, un personnage que nous ne connaissons pas, un étranger déroutant avec qui nous avons toujours vécu mais que nous n'avons jamais voulu vraiment connaitre.
Les bouddhistes tibétains considèrent que des maladies comme le cancer peuvent constituer un avertissement, leur rôle étant de nous rappeler que nous avons négligé certaines dimensions profondes de notre être, comme celle de la vie spirituelle.
La réalisation de la nature de l'esprit, que nous pourrions appeler notre essence la plus secrète, cette vérité dont nous sommes tous en quête, est la clé pour comprendre la vie et la mort. Au moment de la mort, en effet, l'esprit ordinaire et ses illusions meurent et, dans la brèche ainsi ouverte, se révèle la nature de notre esprit, illimitée comme le ciel. Cette nature essentielle de l'esprit constitue l'arrière-plan de l'ensemble de la vie et de la mort, de la même manière que le ciel embrasse l'univers tout entier.
Cette nature peut aussi nous être révélée de notre vivant.Quel est le moyen le plus sûr, le plus rapide et le plus efficace pour commencer?
Le premier pas est la méditation. C'est la méditation qui purifiera peu à peu notre esprit ordinaire, démasquant et épuisant ses habitudes et ses illusions pour que, le moment venu, nous puissions reconnaitre notre vraie nature.
Le but de toute notre pratique spirituelle – et le moyen de nous préparer réellement au moment de la mort - est de purifier cette barrière subtile, de l'affaiblir progressivement et de la briser.
Ce que l'on ressent au moment où Rigpa [nature de l'esprit, conscience pure] est directement révélé... (Dudjom Rinpoché): "C'est comme si on ôtait une cagoule de votre tête. Quel espace illimité, quel soulagement! Telle est la vision suprême, voir ce qui n'avait pas été vu auparavant." Quand vous voyez "ce qui n'avait pas été vu auparavant", tout s'ouvre et s'élargit, tout devient vif, clair, débordant de vie, pétillant d'allégresse et de fraicheur... Toutes les limitations se dissolvent et disparaissent comme si, disent les Tibétains, un sceau avait été brisé.
Certains textes de la gnose nous révèlent des aspects supplémentaires des plans supérieurs. Nous nous référerons principalement au texte intitulé Pistis Sophia, pour découvrir comment ces plans sont structurés, comment l'âme y est orientée, et comment notre humanité subit une évolution majeure annoncée depuis bien longtemps.
La Gnose est la connaissance qui permet de rencontrer Dieu personnellement, comme moyen d'être guéri et sauvé. Cette connaissance n'est pas intellectuelle, mais vivante, reçue par une perception directe, une illumination intérieure de type mystique.
Le gnosticisme, ou doctrine de la gnose est un système de pensée religieuse et philosophique qui a été actif durant les premiers siècles du christianisme, surtout jusqu'au deuxième siècle avant la constitution d'une église chrétienne. Il prenait la forme de groupes de réflexion et d'étude, comme nous en connaissons de nos jours.
Différents courants animaient ces groupes, à cause de la liberté de philosopher et d'interpréter les messages du Christ. Certains courants formaient des sectes (au sens religieux du terme, c'est-à-dire des écoles de pensée), souvent en adoptant les interprétations d'un érudit (par exemple les Ophites, les Séthiens, les disciples de Marcion, de Valentin, de Ptolémée).
Le gnosticisme a plus tard été rejeté par l'église comme hérétique, car les évêques n'admettaient plus que d'autres qu'eux professent de nouvelles interprétations. Actuellement, on connait la gnose par de nombreux écrits retrouvés pendant les siècles derniers, souvent des traités écrits par ses adversaires qui luttaient contre ces prétendues hérésies. Ainsi l'œuvre Contre les hérésies de l'évêque Irénée de Lyon (vers 135 - 202) est très instructive. Elle comporte des extraits d'une œuvre de Ptolémée, adepte de Valentin, lui-même gnostique réputé (100 - 160).
On a retrouvé un ensemble de textes gnostiques à proximité du site de Qumran, en Cisjordanie, entre 1947 et 1956.
Il s'agit d’environ 970 manuscrits sur parchemins et fragments de papyrus, en hébreu, en araméen et en grec, entreposés dans 12 grottes. On estime qu'ils ont été écrits entre le 3e siècle av. J.C. et le 1er siècle apr. J.C.
Un autre ensemble a été découvert en 1945 sur le site archéologique de Jabal al-Tarif à proximité de la ville de Nag Hammadi. Ce sont 13 codex de papyrus reliés en cuir, datés du 4e siècle.
Considérons maintenant les textes traitant de la Pistis Sophia elle-même. Un exemplaire a été trouvé en Égypte en 1773 (son titre original était Les livres du Sauveur). Il est écrit en langue copte, langue parlée au temps du Christ. Le titre a été modifié en Pistis Sophia (Foi et Sagesse en grec) par C.G. Woide qui l'a étudié.
Deux autres manuscrits de Pistis Sophia ont permis la reconstitution et l'analyse du texte: le Codex de Bruce trouvé dans les ruines de Thèbes en 1769, dont le titre est Le livre de Iéou, et le codex de Berlin, acheté en 1896 en Égypte par un spécialiste allemand des chrétiens d'orient, Carl Schmidt. D'autres manuscrits ont été trouvés en 1945 parmi les bibliothèques de Nag Hammadi.
Ces manuscrits datent de la fin du 2e siècle et du 3e siècle de notre ère. Ils sont probablement des copies de textes plus anciens écrits en grec.
La Pistis Sophia reconstituée est un ouvrage remarquable, appartenant au courant gnostique, qui relate des enseignements que Jésus-Christ a dispensé à ses disciples masculins et féminins, y compris sa mère Marie, Marie-Madeleine et Marthe, pendant les onze années qui suivirent sa résurrection.
Pistis Sophia décrit les principaux aspects de l'évolution de l'âme, l'origine du mal, les différentes strates de l'univers, les puissances célestes qui dirigent l'univers aussi bien celles qui servent le royaume divin que les régisseurs inférieurs qui maintiennent l'humanité en servitude, et les mystères nécessaires à la restauration de l'âme afin qu'elle rejoigne les royaumes divins. Les événements décrits se déroulent sur un plan symbolique et mythique.
Selon les gnostiques, il existe un Dieu. On le nomme l'Ineffable, ou Yéou. Il est à l'origine de l'univers sous forme de Lumière, un Lumière extrêmement puissante, au-delà de ce qu'on peut imaginer, des milliards de milliards de milliards de fois plus puissante que la plus puissante lumière connue en extase mystique. Elle transporte l'Amour et l'Harmonie.
Tout d'abord Yéou se multiplie en 3 espaces ou "emplacements", qui sont le Père Éternel, l'Esprit ou Shékinah représentant l'aspect créateur féminin, et Christ, le Fils Éternel. Yéou crée le monde par sa Parole Vivante, qui consiste en des myriades de Formes-Pensées Divines. (voir mes articles Aspects géométriques et sonores des créations de l'univers et Des particules aux galaxies, la Spirale, mouvement primordial de vie)
Remarque: On peut constater que Christ n'est pas un humain qui est devenu un maitre ascensionné comme l'affirment certains. Il est une des 3 composantes de la divinité dès l'origine, même avant l'existence de la Terre, avec une fonction spéciale de restauration de la Lumière dans l'Univers.
La création de Yéou est très complexe. Elle se déploie en de multiples dimensions et principes essentiels de vie, représentés par autant de divinités, telles que l'Esprit, la Profondeur, le Silence, la Parole, la Vérité, etc.
Auprès de Dieu, trônent 24 Ainés ou Invisibles, qui étendent sa création dans plusieurs univers (les Univers-Fils), gérés par des entités créatrices, les Élohim. À ce stade de création, ces Êtres existent sur de multiples plans ou dimensions, ils ne sont pas des personnages, ni masculins ni féminins.
Tout cela constitue le Plérôme, dans lequel règnent l'harmonie, l'amour, la grâce et la sagesse. Il ne comporte aucune matière, ni aucun organisme de chair.
Or cette harmonie fut bouleversée par l'apparition de zones d'ombres et de ténèbres, suite à plusieurs chutes.
La première chute est celle du grand être de Lumière Lucifer, qui entraina avec lui un tiers des hiérarchies des mondes supérieurs. Ceci eut lieu avant l'existence de notre planète. Ces grands seigneurs de lumière ne voulaient plus obéir aux lois de la Lumière divine, mais seulement servir leurs propres désirs grâce à leurs immenses pouvoirs.
Cet événement créa les principes de l'égoïsme et de l'ignorance (le mal) dans notre cadran d'univers. Dans la Pistis Sophia, Lucifer apparait sous le nom de Authadès (l'Arrogant) ou de Yaldabaôth. L'arrogant se croit dieu. En conséquence, le mal prédomine dans les cieux. La création est devenue défectueuse.
Dès lors, l'univers se trouve fracturé en deux parties.
Archange Mikael
La partie supérieure reste le Plérôme, constitué des formes-pensées rayonnées par Dieu. Y évoluent également des hiérarchies de Lumière, des guides et des gardiens de la Lumière Divine. Parmi ceux-ci, on trouve les grands archanges Michaël et Gabriel, le seigneur Métatron créateur de la Lumière, et des hiérarchies appelées Ophanim, Chérubim, Séraphim et bien d'autres.
Dans les cieux inférieurs, la Lumière divine est mélangée à la fausse lumière luciférienne. Elle est stratifiée en 13 éons, 13 niveaux d'évolution vibratoire. Encore en-dessous on plonge dans le lieu du Chaos. Ces zones sont régies par des êtres déchus, les archons ou archontes, un terme grec qui signifie régisseurs.
Alors qu'à l'origine les âmes sont issues d'étincelles de vie pures, la deuxième chute, celle d'Adam et Ève, accentua l'étendue de leur ignorance et de leur égoïsme, et au lieu de s'aligner sur la Volonté divine, elles choisirent de vivre selon leurs désirs inférieurs. L'humanité chuta dans l'inconscience.
Enfin advint une troisième chute, celle de Pistis Sophia. Pistis Sophia signifie Foi et Sagesse. Sophia était l'une des figures d'un groupe de 24 invisibles qui résident dans le 13e éon. Elle y représentait la volonté de Dieu. Elle chuta du 13e éon en traversant les 12 éons jusque dans le lieu de Chaos. Elle y fut piégée par Authadès (l’Arrogant).
Qu'est-ce qui provoqua sa chute? Selon Valentin, elle voulut connaitre intensément le Père. Elle développa un désir passionnel qui l'entraina dans la confusion. Aucune passion ne peut pénétrer dans le Plérôme et cela lui fut fatal.
[Jésus] Il arriva donc qu’elle regarda vers le bas et vit son pouvoir de lumière dans les lieux inférieurs... et elle pensa qu'il venait de la Lumière qu’elle avait vue dès le commencement dans la Hauteur. (extrait de Pistis Sophia ch.31) [les extraits des paroles de Jésus - ou exceptionnellement d'autres personnages indiqués - sont cités sur fond vert]
Pistis Sophia fut consternée de son erreur. Elle n'était plus en béatitude en fusion avec la Présence Divine. Aussi supplia-t-elle la Hauteur de lui permettre de retrouver sa place dans la Lumière. Ses supplications et ses repentances, sous l'influence de l'Authadès, furent à l'origine de l'apparition de la substance matérielle.
Depuis cet événement cosmique, nous vivons dans une sphère de Vie régie par les Archons. C'est pourquoi c'est leur chef, le Démiurge, appelé Yaldabaoth, qui est responsable de l'ordre du monde. Il est le créateur de notre cosmos. Pour les gnostiques, la matière est issue d'un monde inférieur qui emprisonne l'âme.
En conséquence, comme Pistis Sophia, notre âme est astreinte à rester dans ces mondes inférieurs. La conscience mentale des humains est tombée encore plus bas dans les profondeurs de l'inconscient. L'âme est devenue le jouet de forces qui veulent nuire aux êtres humains pour affirmer leur propre pouvoir. Nous vivons dans la confusion et nous ignorons qui nous sommes véritablement.
Il est facile d'observer comment ces forces nocives agissent de façon prépondérante dans notre monde. Elles se signalent par la diffusion d'une éducation centrée sur le pouvoir, la compétition, la séparation et la guerre, et d'un conditionnement uniquement matérialiste qui ignore les mondes spirituels ou les ridiculise.
Techniquement, le monde matérialiste prend la forme de l'intelligence artificielle, de l'implantation de puces informatiques dans le cerveau contrôlables à distance, de manipulations génétiques conduisant à la modification de l'ADN, et même à la fabrication artificielle de formes de vie hybrides.
Pour renforcer le piège de l'âme, les archons attachent à toute âme de la Terre un esprit de contrefaçon dont la fonction est d'inciter l'âme à commettre le mal, c'est-à-dire à servir des dieux locaux (le matérialisme et l'intelligence artificielle) et à nier l'existence d'une plus grande Lumière. Cette emprise est appelée le Destin ou Heimarmene. Elle est contre-balancée par l'appel de la Lumière.
Voici ce que dit Jésus à ses disciples à ce sujet:
L’esprit de contrefaçon observe et prend note de tous les péchés et de la méchanceté que les archons du grand Heimarmene ont ordonné pour l'âme et font faire à l'âme. Le pouvoir intérieur incite l'âme à atteindre le lieu de la Lumière et de toute la déité; l'esprit de contrefaçon tente l'âme et continue de la forcer dans toutes ses iniquités, toutes ses passions et tous ses péchés, il la tient fermement et lui est contraire, la forçant à exécuter tout ce mal et tous ces péchés. (PS ch.111)
À cause de l'influence de l'esprit de contrefaçon, les enfants sont imprégnés dès leur naissance de formes-pensées inférieures, qui nous manipulent de multiples tentations, en s'introduisant par exemple dans le choix de la nourriture, dans les désirs, dans les relations aux autres enfants.
Et il émana de lui (l'Authadès) un grand pouvoir à face de lion, et de la matière qui était en lui, il projeta d'autres émanations matérielles extrêmement puissantes. Il les envoya dans les lieux d'en bas, dans les lieux du Chaos, afin qu'elles y dressent des embûches à Pistis Sophia et lui enlèvent son pouvoir. (PS ch.30)
Même si dans sa vanité, le Démiurge croit être le plus haut Dieu, il ne l'est pas, et l'âme a la possibilité de monter plus haut que le royaume des archons à travers les strates des éons.
Pour cela, l'âme doit évoluer par ses propres efforts d'ouverture de conscience. Son but est de retrouver l'harmonie du Plérôme, en acquérant la connaissance et la sagesse.
Pistis Sophia demande de l'aide pour retrouver la Pleine Lumière et elle chante les louanges de cette Lumière. Jésus intervient, et la secourt. Grâce à la Lumière que lui envoie le Christ, Pistis Sophia est rachetée par sa repentance. En augmentant sa Foi (Pistis) et sa Sagesse (Sophia), elle est capable de franchir les couches de négativité et d'atteindre la Lumière.
Les lumières déversées en Pistis Sophia restaurèrent son corps-matière... et elles ré-énergétisèrent tous ses pouvoirs sur le point de se dissoudre. (PS ch.130)
Les royaumes inférieurs des archons reçoivent eux-aussi des effluves de cette Lumière qui leur offrent l'opportunité de rachat et de salut. Car les pouvoirs de Jésus sont bien supérieurs à ceux des archons et atteignent même les pus vils.
L'évolution de l'âme vers la Lumière continue après la mort. Le passage de la mort n'est qu'un changement d'état, un changement de vêtements. Si l'âme s'est préparée pendant sa vie terrestre, elle sera guidée vers les mondes supérieurs de Lumière sans être interceptée par les archons, qui cherchent à s'emparer d'elle.
Et André répondit et dit: "Mon Seigneur, je suis très surpris et très étonné car, quand ils quitteront ce monde, comment les humains qui sont en ce monde dans un corps de matière traverseront-ils ces firmaments, tous ces archons, tous les seigneurs, tous les dieux, tous ces grands invisibles, tous ceux du lieu du Milieu et tous ceux de tout le lieu de la Droite et tous les grands des émanations de la Lumière? Comment passeront-ils parmi eux tous pour hériter du Royaume de Lumière?"
[Jésus répond] Je vous ai dit autrefois, "cherchez et vous trouverez". Je vous ai donc dit: vous devez chercher les mystères de la Lumière, qui purifient le corps-matière et le transforment en pure Lumière très subtile.
Amen, je vous le dis: c'est pour le bien de l'humanité, parce qu'elle est matérielle, que je me suis déployé pour lui apporter tous les mystères de la Lumière, afin de les purifier, car elle est le levain de toute la matière de sa matière; autrement aucune âme de la race entière de l'humanité ne serait sauvée et ne pourrait hériter du royaume de la Lumière si je ne lui avais pas apporté les mystères purificateurs. (PS ch.100)
Jésus explique ce qu'il advient de l'âme juste et vertueuse.
Jésus poursuivit son discours, en disant, "D'autre part, si une âme n'a pas succombé à tous les efforts de l'esprit de contrefaçon, mais s'est améliorée et a trouvé les mystères de Lumière qui sont dans le second emplacement, ou même ceux qui sont dans le troisième emplacement qui est à l'intérieur, si le temps de cette âme de quitter le corps est venu, alors l'esprit de contrefaçon suivra cette âme, ainsi que la destinée; et il la suivra dans son parcours vers la hauteur; et avant qu'elle ne soit rendue là-haut, elle prononcera le mystère de la dissolution des sceaux et de tous les liens de l'esprit de contrefaçon, ceux que les archons ont attachés à l'âme. (PS ch.112)
Celui donc qui recevra le mystère de ce Premier Mystère, quand il sera temps pour lui de quitter le corps-matière des archons, les receveurs-vengeurs [archons] viendront afin d'emmener l'âme de cet humain hors de son corps. Et cette âme deviendra un grand torrent de Lumière dans les mains des receveurs-vengeurs et ces receveurs craindront devant la lumière de cet âme.
Et cette âme s'élèvera vers le haut et traversera tous les lieux des archons et tous les lieux des émanations de Lumière. Et elle ne donnera ni réponse ni excuse ni signes secrets en aucun des lieux de la Lumière ou en aucun des lieux des archons, mais elle les traversera tous et montera en flèche au-dessus d'eux tous. (PS ch.97)
Lorsque l'âme non réalisée quitte le corps, elle est également guidée par l'esprit de contrefaçon qui lui est associé qui la conduit dans ses propres domaines. Dans l'Apocalypse (ou Révélation) de Jean (ch.12:3), on nous dit que si l’âme ne renonce pas à certains traits de son ego, elle sera confrontée à des visages de cet ego: la face de chien (notre nature animale), les feux du monde souterrain, la face de dragon à têtes multiples, et d'autres.
Jésus avertit:
Dites-leur: renoncez aux enseignements trompeurs, afin d'être dignes des mystères de la Lumière et d'échapper à tous les châtiments du grand dragon des ténèbres extérieures. (PS ch.102)
Dans son parcours terrestre, l'âme peut avoir acquis la connaissance des mystères de la Lumière, et malgré cela suivre la voie de l'esprit de contrefaçon. Les tentations sont présentes pour tous les êtres, quelle que soit leur élévation spirituelle. Inversement, elle peut être harcelée par l'esprit de contrefaçon, et rester ferme dans son choix de la voie vers la Lumière supérieure.
Car l'âme est dotée d'un libre-arbitre, et à tout moment elle peut choisir: soit le pouvoir de l'esprit de contrefaçon, soit celui de la Lumière. Quelles que soient les circonstances, les êtres humains ont le pouvoir de se transformer (se restaurer) et de se réunir à la Source.
Cela implique que nous prenions conscience que nous sommes piégés dans un monde médiocre et que la réalité est bien plus vaste, plus riche, et plus puissante. Elle découle de la Présence d'un Dieu qu'il nous est impossible d'imaginer, Source d'Amour incommensurable qui se déploie dans de multiples dimensions fractales.
Faire le choix conscient de cheminer vers les mondes supérieurs, c'est développer les vertus de sagesse, de confiance (foi), de compassion et d'humilité.
Dans cette œuvre, nous sommes guidés et accompagnés par les puissances divines, à la condition que nous nous adressions à eux (par exemple les archanges Michaël et Gabriel). La restauration complète ne peut pas être due au travail de l'âme seule. Il est nécessaire qu'elle reçoive l'intervention du monde divin.
Comme pour Pistis Sophia, Jésus le Christ et son Office ont le pouvoir essentiel de permettre à l'âme de s'élever vers la Lumière. Il peut créer une brèche dans le voile qui nous sépare d'Elle, il peut briser les domaines des hiérarchies déchues. Il est plus qu'un maitre de Lumière. Il est une des trois composantes de la Déité, capable d'étendre son influence et d'intervenir dans tous les royaumes, depuis les plus élevés jusqu'aux plus sombres. Christ existe de toute éternité, en-dehors de l'histoire. Il règne non seulement sur la Terre, mais sur le cosmos.
C'est en faisant appel à son pouvoir que l'âme peut retrouver le sien propre et vaincre la négativité.
Le rachat et la restauration de Pistis Sophia a tracé la voie pour l'humanité. Elle nous conduit vers la libération du monde des archons, grâce au pouvoir féminin, en réalignant l'humanité sur son origine divine.
Aussi, nous sommes à la veille d'une période de basculement du monde, annonçant une ère d'Amour et de Compassion.
Ainsi ai-je dit, "ces choses auront lieu au temps de l'achèvement et de l'ascension du Tout." (PS ch.86)
Toutefois, cette période n'arrivera pas dans la fluidité. L'humanité aura à subir un test de confrontation ultime avec les forces de contrefaçon. Leur stratagème le plus subtil et le plus vicieux est de se faire passer pour des sauveurs et des maitres spirituels.
Serons-nous séduits par ces puissances qui nous promettront/promettent gloires et merveilles, mais ne respectent pas l'être humain et ne s'intéressent qu'à elles-mêmes?
Ou saurons-nous choisir la voie de la véritable liberté dans l'Amour divin?
Cela demande de développer notre sens du discernement. Nous avons le pouvoir de ressentir la réalité supérieure en nous connectant aux hiérarchies divines.
L'existence de deux états dans l'être humain, l'un ordinaire et l'autre relié à notre Essence divine, a été reconnue de tout temps. Ce dernier est accessible dans les états de transe, de silence de l'esprit ordinaire, obtenus par une discipline et un enseignement. Nous pouvons le découvrir dans les écrits de nombreux mystiques et enseignants spirituels. On trouve des exemples dans certains écrits gnostiques des débuts du christianisme. Dans son ouvrage Les évangiles secrets, Elaine Pagels en cite quelques-uns issus des documents de la bibliothèque de Nag Hammadi, datés du 4e siècle.
Parmi ces documents, dans le Discours sur le Huitième et le Neuvième, on lit l'histoire d'un maitre qui prie en psalmodiant avec son disciple, afin que le disciple atteigne les huitième et neuvième niveaux de la connaissance.
Après avoir entonné la psalmodie, le maitre prie... et entre en extase:
".. Je vois! Je vois des profondeurs indicibles. Comment te dirais-je, ô mon fils? ... Comment [vais-je décrire] l'univers? Je [suis] esprit et je vois un autre esprit, celui qui [anime] l'âme! Je vois celui qui m'anime, empêchant tout oubli. Tu me donnes la puissance! Je me vois moi-même! Je veux parler! La crainte me retient. J'ai trouvé le commencement du pouvoir qui est au-dessus de tous pouvoirs, celui qui n'a pas de commencement.. J'ai dit, ô mon fils, que je suis Esprit. J'ai vu! Le langage ne saurait révéler cela. Car le Huitième tout entier, ô mon fils, et les âmes qui s'y trouvent, et les anges, chantent un cantique en silence. Et moi, Esprit, je comprends".
Une discussion amène le disciple à chanter en silence.
"Quand il eut achevé sa louange, il s'écria: "Père Trismégiste ! Que vais-je dire? Nous avons reçu cette lumière. Et moi-même je vois cette même vision en toi. Je vois le huitième et les âmes qui s'y trouvent et les anges chanter un cantique au neuvième et à ses puissances.. Je prie pour la fin de l'univers et le commencement du commencement, pour l'objet de la quête de l'homme, la découverte immortelle... Je suis l'instrument de ton esprit. Mon esprit est ton plectre. Et ton conseil me fortifie. Je me vois! Tu m'en as donné le pouvoir. Car ton amour est venu jusqu'à nous."
Hildegarde recevant l'inspiration divine, enluminure du Scivias. Merci à Wikipedia
Selon Wikipédia, Hildegarde de Bingen (1098 - 1179) était une moniale bénédictine allemande. Docteur de l’Église, elle a développé de nombreux talents, étant à la fois abbesse, mystique, visionnaire, illustratrice, compositrice, poétesse, prédicatrice. Elle est aussi connue pour ses connaissances naturalistes, incluant l'usage des plantes et des minéraux à but thérapeutique. Elle a dicté ses visions mystiques à ses conseillers, qui les ont consignées dans le livre intitulé Scivias, orné d'enluminures de la main de Hildegarde. En voici un extrait.
"Et de nouveau, j'entendis une voix du ciel me disant: "Dis donc ces merveilles et écris-les telles qu'elles te sont enseignées et dites." Cela fut fait en 1141 dans la onze cent quarante et unième année de l'Incarnation de Jésus-Christ, Fils de Dieu, alors que j'avais quarante-deux ans et sept mois. Une lumière de feu, d'une extrême brillance, venant du ciel ouvert, fondit sur mon cerveau tout entier et tout mon corps, et toute ma poitrine, comme une flamme qui cependant ne brûlait pas, mais qui par sa chaleur enflammait de la façon que le soleil chauffe ce sur quoi il darde ses rayons."
"Les visions que j'ai vues, ce n'est pas dans le sommeil ni en dormant, ni en extase, ni par mes yeux corporels ou mes oreilles humaines extérieures; je ne les ai pas perçues dans des lieux cachés, mais c'est en étant éveillée que je les vois de mes yeux et de mes oreilles humaines intérieurement; simplement en esprit, et je les ai reçues dans des endroits découverts selon la volonté de Dieu."
Texte conforme à la nouvelle orthographe française (1990)
8 décembre 2022